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Retour sur l'Agile Tour 2014 Nantes

J'ai eu la chance d'assister à la journée Agile Tour 2014, version nantaise, à l'école des mines. Bien organisé, riche en rencontres et retours d'expériences, comme tous les ans...

Les world cafés

Une innovation intéressante cette année : les 'World cafés' entre les conférences et pendant lesquels un sujet est discuté par un groupe éphémère et dont un seul membre (le scribe) reste pour consolider les idées qui sont ensuite présentées. Concept favorisant les échanges entre les participants. A cette occasion, j'ai notamment pu échanger avec la responsable d'une grande mutuelle qui m'expliquait qu'elle avait du mal à trouver des prestations de MCO agiles alors que de notre coté, nous avions encore du mal à trouver des clients prêts à partir en (vrai) agile en mettant en front du projet un PO (Product Owner) disposant de pouvoir de décision, d'une expertise fonctionnelle et de temps pour s'investir sur son projet.

Comment impliquer vos clients dans leurs projets ?

J'ai tout simplement adoré cette conférence très concrète et profonde à la fois. Benoit Charles-Lavauzelle (CEO de Theodo) et Julien Laure (coach agile, scrum master) présentent l'histoire de leur société et comment ils sortent des projets (maintenant) réussis en scrum. La société qui développait des projets au forfait (sites B2B en PHP/Symfony) a été proche du dépôt de bilan en 2011. L'insatisfaction des clients était forte à cause de l'effet tunnel : une fois terminées, les applications ne correspondaient pas au besoin que le client pensait avoir exprimé. La société s'est alors tourné vers la méthode scrum qu'elle a appliqué by the book. L'échec a été grand et la cause peut sembler évidente a posteriori : il n'y avait pas de PO du coté du client, donc pas d'implication. Sans PO, le projet navigue à vue. La société a décidé en 2013 ne ne plus faire que des projets en scrum avec implication forte du client. Malgré de fortes réticences des clients qui ne voulaient être facturées au temps passé et non plus au forfait, la société a vu son CA passer alors de 1.2 à 5M€ cette année. Les clients sont venus pour l'expertise technique en PHP/Symfony et sont restés pour la qualité et le respect des délais (95% des clients recommandent la société).

Comment Theodo a-t-elle réussi à impliquer le client ?
  • D'abord, rassurer le client : l'inviter aux plannings de sprint, estimer avec lui (en pocker planning) pour qu'il se rende compte des difficultés techniques. Faire des sprints courts (une semaine ici).
  • Etre transparent, Theodo suit précisement chaque écart au standard (voir support P28).
  • Burdowncharts visibles par le client en live via outils Web.

Qu'est ce qu'on bon PO ?

  • Il faut choisir le PO qui porte (vraiment) le projet, possède le pouvoir de décision (attention aux erreurs de casting).
  • Il faut du feedback permanent avec le PO : système d'évaluation hebdomadaire et portant sur la vélocité et l'accompagnement.
Comment faire valider le PO ?
  • Board électronique avec les taches à valider : Trello (très simple à utiliser pour le client).
  • e-mail quotidien en mode digest avec toutes les questions en suspens, URL importantes, n+1 en copie. Envoyé après le daily.
  • Une fiche d'auto-eval agile (voir support P44) permet d'évaluer la qualité "technique" du sprint et d'arbitrer entre le court et le long terme.
Bilan
  • Le PO travaille de un à deux jours par semaine avec l'équipe, ce n'est pas de trop !
  • Un nouveau problème émerge avec les grands comptes : la distance avec le PO et la généralisation des proxy-PO représentant du PO coté prestataire. Un proxy-PO, c'est mieux que rien (mais à peine mieux).

L'Intelligence collective au service de l'innovation et de l'industrialisation

Clément Duport (Alyotech) nous fait part de sa vision de l'innovation. Il explique que le nœud gordien des politiques IT actuelles réside en ce domaine dans l'ambivalence entre la créativité, le risque, la liberté du coté de l'innovation et l'harmonisation, le contrôle, l'ordre du coté de industrialisation. Ceci conduit à une vraie schizophrénie (OK, nous avons chez Capgemini le Lab'Innovation qui résout en partie ce dilemme en proposant cet espace d'innovation à nos clients). En fait, il explique qu'il faut les deux pour avancer, il faut trouver la bon niveau entre l'ordre (pour survivre) et le désordre (pour avancer). "Créer, c'est se souvenir de ce qui n'a pas eu lieu" (Siri Hustvedt). L'innovation peut émerger d'une démarche industrielle, par recombinaison d'idées.

Faire de la conception en équipe sans architecte

Ly-Jia Goldstein nous fait part de son expérience de développeuse en équipe suivant les préceptes du software craftmanship et de l'XP. Elle explique qu'un bon processus de développement en XP et s'appuyant sur le BDD, le tout en responsabilisant au maximum les membres de l'équipe (en instaurant des decisions techniques collégiales) pouvait se passer d'architecte (logiciel). Ceci présente de nombreux avantages comme un meilleur bus factor, une plus grande réactivité projet et une meilleur fluidité du refactoring. De bons points ont été soulevés. Néanmoins, la conférence tournait de mon point de vue autour du rôle d'architecte logiciel uniquement. Il me semble qu'un cadre d'architecture général (urbanisation, architecture technique, catalogue de solutions, cadre industrialisé, PIC) soit incontournable dans les grands SI, même s'il est vrai que les équipes, constituées en grande partie d'ingénieurs, gagneraient à être plus proactives sur un plan logiciel et éviter des situations telles que celle-ci :